Souvenirs lointains…

… que ce séjour incongru et brutal à l’hôpital.

En cette fin du mois de Mai, mois de Marie, les mères ont été présentes !
Une grand-mère Granny, pendant qu’on souffrait aux urgences, relayée ensuite par une grand-mère Mamoune, pendant que la nuit continuait aux urgences, toujours.

Et dimanche 29, fête des mères, que l’on avait prévu de passer sans enfants à Lisbonne. Au lieu de quoi on se retrouve écrasée sur un lit d’hôpital.

Heureusement, tous les enfants sont arrivés, plein de bisous, de câlins et de cadeaux, pour suivre la messe à la (jolie) chapelle de l’hôpital.
(astucieux moyen de contourner l’interdiction de visite du matin ET l’interdiction d’accès aux petits enfants)

Allez.

On est rentrée depuis mercredi, sous un traitement antibiotique à dose industrielle, et on va garder la chambre (ou au moins l’appartement) pendant 15 jours.

On tousse encore un peu, on souffle, mais, enfin, on respire.

Merci, Marie.

Dans l’urgence, hâtez vous lentement.

La maman des museaux a déménagé pour quelques jours, mais elle s’installe en voisine, à Lariboisière. Évidemment, les visites sont interdites aux enfants. Évidemment.

Reprenons.
Jeudi dernier, cette mauvaise grippe qui avait frappé la semaine dernière et n’était pas complètement partie, a forcé Maman à demander un avis médical.
Qui lui a valu envoi immédiat aux urgences, sur soupçon d’embolie pulmonaire.

On vous rassure sur ce point, le système de triage des urgences est au point, ce n’est pas une embolie.
(Si c’en était une, la Maman aurait eu le temps de finir trois fois en réa avant d’avoir vu un médecin)

Donc, après l’avoir oubliée pendant trois heures dans un coin sur son brancard, tout à coup (tout à coup, ça veut dire : quand le mari revient, après être retourné à la maison, s’occuper de confier les enfants à leur grand-mère, parce que ça risque de durer, et qu’à son retour il s’enquiert de la progression des choses, “parce que je vois que ma femme est toujours allongée dans le coin là-bas, dans la salle d’attente et même pas dans la salle d’urgence, c’est normal ?”), la nouvelle équipe se rend compte que la patiente n’a pas encore été vue par un médecin. Oh, bah ça, alors. Vous imaginez ça.

Nous sommes là depuis cinq heures.

Sept heures après l’admission, on se décide à faire les examens sanguins pour déterminer si par hasard ce serait une embolie.
Les résultats seront là dans deux heures, patientez, il n’est que 23h ma brave dame.

Et on est toujours dans un couloir de salle d’urgence, environné de toute la misère du monde. La misère crache, gueule, se plaint, expectore, se frappe avec les soignants. La misère va pas bien, ma brave dame.
(Et si ça se trouve elle a la tuberculose, la misère. Ah non, lui il s’est battu il est ivre et parle pas français. Et elle ? Elle a des droits et elle paie ses impôts – ah, mais elle est pas à la CMU ? Raciste va -)

En fait, gueuler, c’est mieux, parce que, si tu demandes gentiment un antalgique, tu peux demander quatre fois. Sans effet. La prise en charge de la douleur ? Non, on n’a pas reçu le mémo.

Nous, pour l’instant, ça va, on n’a pas encore chopé le Bacille de Koch, il est 1h du matin, et les résultats sont là, donc on n’a pas d’embolie (ah, j’aurais pu vous le dire, docteur, mais bon, je suis pas médecin, hein), bon, du coup on va aller faire une autre radio pour savoir. Tout de suite, hein.

[petite attente agréable entre gens délicieux. Non, vous pouvez pas bouffer votre McDo ici, c’est une salle d’urgence, y a des malades ici]

“Euh, pour ma femme, elle passe à quelle heure en radio, juste pour savoir, je dois rentrer m’occuper des enfants et ça fait deux heures que vous avez dit qu’on allait y aller”
“Qui ça ? Ah, euh votre femme. Euh, oui, (ah flûte on l’avait zappée celle-là) on va s’en occuper.”

Il est 4h du matin et on a identifiée une pneumopathie, cachée derrière le cœur, du coup on la voyait pas sur les radios.
Allez, perfusion d’antibiotiques.
“AHAH, JE SUIS VRAIMENT MALADE, JE SUIS SOUS ANTIBIOTIQUES !”

Il est 8h du matin, vendredi, il fait soleil, et on est toujours allongée sur un brancard, dans un coin de la salle d’urgence.
On attend d’autres résultats. Pour vous laisser sortir avec des antibiotiques.

Bactérie atypique.

Et tiens si on vous mettait dans un box en hospitalisation d’urgence ?
Hein, ça fait jamais que vingt heures que l’on vous recase dans les couloirs.

Ah, et puis on va vous garder 48h en observation.

Il est midi, en fait on attend une chambre d’hopital. Le box c’est bien, mais il y a une vieille qui gueule et crache, un type qui se bat avec les infirmiers, et on aimerait bien sortir.

À 15h, on vous annonce que vous aurez une chambre.
Vingt-quatre heures en urgence, record battu, on gagne quoi ? Des escarres ou un truc nosocomial ?

“Ah au fait, vous savez mon métier ? Avocat. Spécialisé en droit médical. Oui, c’est amusant, hein.”

Au prochaine épisode, on vous relatera le plaisir d’avoir une chambre double, avec sa voisine acariâtre, avec sa famille envahissante, sa façon de parler de vous en arabe pour que vous ne compreniez pas, ses réflexions sur la bouffe et le service, son arrogance de patient CMU, etc.

On ne sortira pas avant d’avoir perdu la fièvre pendant plus de 48 heures, et là on est à 39°c ce matin.
On attend des infos sur le scanner d’hier.

À noter : si vous devez être hospitalisé, faites-ça avant le week-end où vous aviez prévu un voyage en amoureux au Portugal.
Et la semaine où il n’ya pas de nounou.
Ça permet de recycler l’organisation des grands-mères qui étaient déjà dispos, c’est pratique.